Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 54 —

Les jeunes gens, ne comprenant pas l’allusion, regardaient de Busques, stupéfaits. Ceci finit de l’exaspérer.

— Qu’avez-vous à faire des têtes de Méduse vous autres, ne savez-vous pas que Bordier est un enfant trouvé ?

Aveuglé par la colère, Gilles venait, d’avancer un fait dont il était loin d’être certain lui-même ; mais il vit Paul chanceler et pâlir, ce qui l’enhardit.

— Regardez si ça fait plaisir de se faire rappeler ses origines.

Paul bondit.

— Je n’ai pas honte de mes origines, et tu devrais avoir assez d’honneur pour respecter mes parents disparus.

— Heu, disparus sans doute, seulement ils ne sont pas morts.

Et cinglant, il ajouta :

— Toi, tu es issu d’une noce à la Pompadour ; t’es comme les gars aux Bourbons.

Paul devint, livide, ses yeux se creusèrent, et sa gorge rendit un cri rauque.

Des voix s’élevèrent indignées.

— Toi, de Busques, tu devrais avoir honte !

— Non, je ne suis pas honteux !

— Alors nous le sommes pour toi, dirent ses camarades en s’éloignant.

Paul était sorti de la cour de récréation comme un fou. Sur la rue, il lui semblait que les passants qu’il rencontrait le montraient du doigt. Et une fois rendu