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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

citée donnée ici aux institutions de ce genre en faveur de la jeunesse. Je crains qu’elle ne fasse naître l’ambition, attacher de l’importance à l’activité littéraire, et n’éblouisse maints jeunes esprits dont un bien petit nombre seulement a reçu en partage ces dons divins du génie qui font de la littérature et des littérateurs quelque chose de bon. Je crains qu’une apparence de vie ne leur fasse oublier la beauté de celle dont parle Byron :

« Bien des gens sont poëtes sans en porter le nom ; bien des gens sont poëtes sans avoir jamais écrit leurs inspirations. Ils ont senti, aimé, sont morts, sans avoir voulu prêter leurs pensées à des êtres inférieurs. Ils ont enfermé le dieu bien avant dans leur âme, et sont retournés vers les étoiles sans avoir été couronnés de lauriers sur la terre, mais en emportant plus de bénédictions que ceux qui, durant la tempête des passions se sont fait une grande renommée et — bien des blessures. »

Je me suis permis d’exprimer ceci dans un petit avant-propos qu’on m’a priée d’écrire pour mettre en tête de quelques-unes de ces compositions destinées à la publicité.

Au surplus, les paroles suivantes de Goethe dans Faust sont applicables à tous les écrivains :

« Commencez d’abord par vivre, et vous pourrez ensuite écrire. »

C’est à peine si ces jeunes filles ont vécu, senti, réfléchi suffisamment pour écrire d’après leur expérience, leur conviction. Elles écrivent comme elles chantent — d’après l’oreille. C’est bien, c’est parfait d’apprendre de bonne heure à mettre de l’ordre dans ses pensées, à s’exprimer clairement, et ces épreuves d’écrivain sont fort utiles sous ce rapport. Mais — la publicité, l’impression, les récompenses, etc., est-ce bon pour la jeunesse, pour quelqu’un ? est-ce utile ?…