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LA VIE DE FAMILLE

M. et madame Lowell. Leur maison m’a été ouverte, à proprement parler, par Downing ; il avait écrit a Lowel combien j’étais ravie de ses poésies.

J’ai déjà passé une semaine ici et pourrais bien en passer une seconde ; on veut me garder : je ne demande pas mieux de rester, car je me trouve parfaitement dans cet agréable foyer.

La maison et les petits champs qui l’entourent appartiennent au père du poëte, le docteur Lowell, beau vieillard généralement aimé et estimé, et le doyen des prêtres du Massachusett. Il a planté tous les arbres qui entourent sa demeure ; beaucoup de sapins septentrionaux se trouvent parmi eux. La famille se réunit chaque jour autour de ce vénérable vieillard pour la prière du soir et du matin ; c’est lui qui bénit le repas. Ses prières, toujours improvisées, sont empreintes d’une animation sentie et vraie ; elles me produisent l’effet d’une rosée délicieuse et rafraîchissante qui se répand sur ma tête ; après les avoir entendues, je me relève rarement sans que mes yeux soient humides. Chez lui habite son dernier fils, le poëte, et sa femme, jeune couple charmant et le plus heureux qu’on puisse imaginer. Le mari est plein de vie et de feu juvénile ; la femme est douce, délicate, blanche comme un lis, et l’une des plus agréables personnes que j’aie encore rencontrées dans ce pays ; tout ce qu’elle fait et dit est gracieux. Ces époux sont de ceux dont on dit avec certitude qu’ils ne peuvent pas être une heure, une demi-heure désunis. Madame Lowell ; douée comme son mari d’une nature poétique, a écrit sous le voile de l’anonyme quelques poëmes qui se distinguent par un sentiment profond et délicat, — surtout par le sentiment maternel. Une chose assez singulière, c’est que je ne remarque pas chez Lowel l’esprit pro-