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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

fond et sérieux qui m’a ravi dans plusieurs de ses poésies. Il me paraît brillant, spirituel, gai, particulièrement le soir, quand il a « sa fièvre du soir ; » sa causerie ressemble à un feu d’artifice incessant. Je le trouve fort aimable. Il a beaucoup d’amis, je crois, parmi les hommes de son âge. Les plus populaires de ses poésies sont celles qu’assaisonnent davantage une satire spirituelle, par exemple la « Fable pour les critiques. » Il s’y égaye avec bonhomie aux dépens des écrivains hommes et femmes de la Nouvelle-Angleterre (l’une de ces femmes, mademoiselle Fuller, est la seule qu’il traite sévèrement). Ses brochures politiques et satiriques ont eu beaucoup de succès.

Au nombre des mérites de Lowel, je compte celui d’être ravi de sa femme ; car je le suis moi-même ; elle embellit la vie. Parmi les choses agréables qu’elle crée dans son intérieur, j’ai remarqué un petit bassin plein de jolies pierres et coquillages ramassés par elle ; ces coquillages étincellent dans une eau pure comme le cristal : à l’entour est un bord de coraux. Malheureusement cette charmante jeune femme paraît avoir la poitrine délicate ; sa voix est douce et faible. Deux jolies petites filles, Mabel et Rose (cette dernière est encore au sein de sa mère), et une sœur aînée du poëte qu’on peut mettre au nombre des meilleures. — composent le reste de la famille. Le chagrin de cette maison, c’est la mère du poëte ; atteinte d’une folie paisible, elle vit enfermée dans sa chambre ; les étrangers ne la voient pas.

J’ai fait la connaissance de quelques membres de l’université, qui m’ont intéressée, entre autres M. Evenrett, homme de science et du monde, autrefois envoyé près de la cour d’Angleterre ; le professeur de zoologie, M. Agasiz, qui est Suisse, et dont la personne, les manières, sont des