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LA VIE DE FAMILLE

robe dans un incendie, et j’étais invitée à en faire partie. La ruche était animée, laborieuse, gaie, et si l’on n’y trouvait pas de miel, il était remplacé par du lait excellent et des gâteaux offerts aux abeilles, parmi lesquelles je pris place, mais sans payer beaucoup de ma personne.

Le professeur K…, Danois de naissance, et véritable Danois pour la naïveté et le babil, est venu nous voir plusieurs fois, et nous a amusées. Il s’est attaché à un professeur polonais aussi grand et digne que le Danois est petit et animé ; toujours ensemble, ils disputent, pérorent et chantent chacun sa chanson d’une manière tellement discordante et si enjouée, que, l’autre jour, nous éclatâmes de rire, Marie Lowell et moi. Un professeur, Desor, Suisse et zoologiste comme Agasiz m’a intéressée, par ses anecdotes sur l’histoire naturelle et ses attentions amicales pour moi.

Le soir, tard, quand mes jeunes amis et moi nous sommes seuls, nous lisons à haute voix. — Madame Lowell lit les poésies de son mari d’une manière délicieuse ; — ou bien je leur raconte de petits fragments de romans, des histoires d’amour ou de revenants suédoises, ou bien encore je leur demande de m’en dire de semblables. C’est ce que je fais ordinairement dès que je suis établie dans une famille. Mais le Nouveau-Monde est trop jeune, a trop peu de vieilles maisons, de vieille poussière, pour que les revenants s’y plaisent, et les histoires d’amour ne me paraissent pas assez remarquables pour devenir historiques, excepté dans les familles et dans les cœurs où elles vivent en paix. Cependant, chacune des familles avec lesquelles j’ai vécu quelque temps m’a donné son histoire d’amour comme sa meilleure fleur avant que je la quitte. Combien elles me plaisent, et combien j’admire la variété des