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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

scandinave, avec des sapins, des lumières, des cadeaux et, comme je crois m’en apercevoir, avec grand fracas.

Le 23.

J’ai assisté cette semaine à quelques dîners, dont un fort agréable chez le professeur Longfellow et sa femme dans leur jolie habitation. Mademoiselle Cushman en était, avec mademoiselle Hase, son amie, qui voyage avec elle (c’est une jeune Anglaise d’un extérieur intéressant, d’un esprit indépendant, mais noble). Il y avait aussi Charles Sumner et une couple d’autres hommes. Longfellow est un hôte aimable ; il nous a servi des vins américains, du sherry et du champagne. — Ce dernier, fort bon, suivant moi, est fabriqué avec du raisin du Cataba, près Cincinnati. Ensuite, j’ai dîné chez l’agréable et vive madame Ferrans, dont le mari est une victime de la névralgie ; — elle fait beaucoup de martyrs dans ce pays, et — j’eus de la peine à m’empêcher de pleurer en le voyant, tant il avait l’air souffrant, et complétement résigné dans son fauteuil à bascule. J’ai encore dîné chez un professeur appelé Parsens, qui est svedenborgien et me témoigne beaucoup de bienveillance.

Ensuite, je suis allée à une — abeille, et si tu veux savoir ce que cet insecte a de commun avec la vie de société à Boston, je vais te le dire. Une famille tombe dans la pauvreté par suite de maladie, d’incendie, les enfants manquent de vêtements, etc., etc. Aussitôt les femmes aisées se cotisent pour acheter certaines parties d’habillements, et se réunissent pour les coudre. Cette réunion de couture s’appelle une abeille. Madame Spark, la femme du président de Cambridge, en avait une chez elle pour travailler en faveur d’une famille qui avait perdu sa garde-