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LA VIE DE FAMILLE

Mademoiselle Hunt m’a enlevée de force ; cette visite ne me plaisait guère, cependant je m’en suis mieux trouvée que je ne m’y attendais. Apprendre à connaître une individualité aussi spéciale m’a paru amusant. On peut avoir de meilleures manières, plus de tact, etc., que mademoiselle Hunt ; mais il est impossible d’avoir un cœur plus chaud pour le bien de l’humanité, et, somme toute, plus d’habileté pratique. Elle est d’une famille quaker, et avec cette volonté positive et l’énergie qui font partie du caractère des quakers, elle a résolu de se frayer à elle-même et à son sexe la route d’une carrière qu’elle considère comme importante pour la femme, et vers laquelle son penchant l’attirait. Mademoiselle Hunt se fit donner, ainsi qu’à une sœur plus jeune, des leçons particulières par un médecin habile et bienveillant ; sa sœur s’étant mariée, mademoiselle Hunt pratique depuis douze ans la médecine comme médecin de femmes et d’enfants. Elle a gagné de cette manière la confiance, de la fortune, même la maison modeste mais agréable qu’elle habite, et a, dit-on, guéri beaucoup de malades. Elle a été surtout bienfaisante pour les femmes du peuple, en professant un cours de physiologie que des centaines d’entre elles ont suivi. Mademoiselle Hunt m’a lu ses leçons, et dès la première, qui leur sert d’introduction, j’ai pris une haute idée du petit docteur, de son point de vue, et j’ai reconnu alors seulement combien il est important pour les femmes d’entrer dans le domaine des sciences médicales. Le point de vue de mademoiselle Hunt, relativement au corps humain et aux soins qu’il exige, est complétement religieux ; et quand elle impose au cœur des femmes le devoir de soigner leur corps et celui de leurs enfants, d’apprendre à le bien connaître pour le traiter convenablement, c’est parce que la destination