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LA VIE DE FAMILLE

dant le mariage est, en général, dans une position bien inférieure sous ce rapport. Un homme et une femme s’unissent pour être heureux. Bonheur égoïste, — d’ordinaire la pensée ne va pas au delà, ne s’élève pas jusqu’à celle-ci : « Nous devons donner la vie à des créatures immortelles ! » C’est là pourtant le sens le plus élevé du mariage. (Les époux qui n’ont pas d’enfants peuvent s’y conformer en adoptant de petits orphelins.) « Mais pourquoi ne dites-vous pas cela ouvertement ? demandai-je à Alcott. Ceci a beaucoup plus d’importance, surtout pour la société, que tout ce qui a été dit dans vos conversations. » Alcott s’excusa sur la difficulté de traiter ce sujet en public, et parla de l’espoir qu’il avait de parvenir à réaliser ses vues, en formant une petite société dans laquelle il fonctionnera, je le présume, comme grand-prêtre. Encore un rêve ! mais le rêveur s’éleva considérablement dans mon esprit par la vérité et la noblesse de ses vues sur ce sujet. Je lui accorde aussi sa manie de régime, excepté dans ce qu’elle a d’exclusif, et m’en tiendrai à celui qui conserve, sans cette étroitesse, le vin et les autres dons de Dieu en criant aux hommes : « Veillez sur vous afin de ne pas vous appesantir par la gloutonnerie et l’ivresse ! »

Alcott m’a fait cadeau de deux livres. Ils contiennent des conversations qui ont eu lieu entre lui et divers enfants à l’époque où il tenait une école destinée à être l’école « par excellence. » Le point de départ d’Alcott pour l’éducation des enfants, c’est d’éveiller la plus noble partie de leur nature, de leur inspirer une haute estime pour elle, de la leur faire aimer, afin qu’ils se conduisent en conformité avec elle. Il présente de bonne heure à leurs regards l’idéal de l’homme, ou l’homme idéal en la personne du Christ. Chaque réunion avec les enfants commence par la