Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

pas, et ignorant à quelle œuvre ils étaient destinés.

Leur pensée avait été de chercher une terre vierge et libre où ils pourraient fonder une église en l’honneur de Dieu ; et, à leur insu, ils fondaient en même temps une nouvelle société qui devait servir de foyer à tous les peuples de la terre, et portaient en eux la civilisation du Nouveau-Monde.

Ils débarquèrent sur un rocher appelé depuis le rocher de Plymouth et aussi des Pèlerins, et permirent à une jeune fille de sauter la première du bateau sur le rivage. Les pèlerins, arrivés sur cette terre nouvelle au commencement de l’hiver, y furent accueillis par le froid, les ouragans, les contrariétés. Ils firent une excursion dans l’intérieur du pays, y trouvèrent un peu de blé, mais pas d’habitations, rien que des tombeaux indiens. Ils étaient dans ce pays depuis une couple de jours seulement, et commençaient à dresser des abris pour se défendre contre la tempête et la neige mêlée de pluie, quand arriva le dimanche ; ils laissèrent reposer le travail et observèrent le sabbat avec piété. C’est un trait caractéristique des premières sociétés puritaines.

Je viens de lire une relation écrite en forme de journal sur la vie, les luttes, les travaux de cette colonie durant les premières années de son établissement. C’est une chronique simple, sans phraséologie ni vanterie, sans romantisme ni enjolivement ; mais elle m’a plus émue que maint roman touchant, et me paraît plus noble que bien des poëmes épiques. Car quelle grandeur il y a dans cette absence de prétention, dans cette vie de travail ! Quel courage, quelle persévérance, quelle foi, quelle confiance inébranlable animent cette petite bande de pèlerins ! Comme ces hommes et ces femmes s’entr’aident ! Comme ils per-