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LA VIE DE FAMILLE

le témoignage en nous-mêmes. Je maintiens seulement que nous ne pouvons pas dire sous quelle forme ni de quelle manière nous continuerons d’exister. »

Si mon entretien avec Émerson n’a pas conduit à quelque chose de particulièrement satisfaisant, il m’a toujours servi à avoir une conviction plus arrêtée de la noblesse de son caractère, de son amour de la vérité. Il est fidèle à la loi de son cœur et émet la vérité dont il a la certitude. Il fait bien et prépare ainsi la voie à une compréhension ultérieure de la religion et de la vie. Lorsque cet énergique regard qui voit en tout l’intérieur comme point central et idée, apercevra un jour la figure humaine cachée dans l’arbre de la vie, il enseignera aux autres-à la voir aussi, il l’indiquera avec des paroles, si puissantes et magnifiques, qu’une nouvelle lumière se lèvera pour un grand nombre, et l’on croira parce qu’on verra.

À la fin de notre entretien, je me suis donné le plaisir d’offrir à Émerson un exemplaire de l’Histoire de Suède, par Geijer, traduite en anglais ; il l’a accepté de la manière la plus aimable.

Dans la soirée, je l’ai entendu faire une leçon publique sur « l’esprit du temps. » Il loua la beauté des idées libérales, flagella sévèrement leurs guides parmi le peuple, et le manque de noblesse de caractère de ces hommes. « Le temps et l’impureté de l’esprit de parti empêchent les purs de se joindre à aucun parti. » Emerson a donné le conseil d’attendre le moment où l’on pourrait agir dans l’intérêt général sans renoncer à l’élévation de sa foi et de son caractère. Tout accommodement est un abaissement.

Emerson est très-célèbre en Angleterre et même ici comme orateur. Quant à moi, je ne le trouve pas plus remarquable sous ce rapport que dans une conversation