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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

tête à tête sur des sujets profonds. Ce sont les mêmes intonations graves, fortes et cependant mélodieuses, et métalliques aussi, les mêmes tours plastiques de langage et d’expression, les mêmes mots heureux resplendissants naturellement, la même force calme et posée. Mais son regard est beau quand, de la tribune, il passe sur la foule, et sa voix paraît plus forte quand elle subjugue cette foule. Ce soir-là, le temps était désagréable, le vent soufflait avec violence, la pluie tombait par torrents (il ne pleut jamais ici médiocrement ni doucement), et fort peu de gens étaient venus à la leçon. Émerson prit cette contrariété avec le même calme et se borna à dire à quelqu’un : « On ne peut pas tirer les grands canons devant si peu de monde, » entendant par là certains éclats de voix célèbres chez lui.

J’ai visité aujourd’hui la flotte de Boston et du Massachussett, donné des poignées de mains aux officiers et à leurs femmes chez le commodore, où était servie une collation, pendant laquelle des musiciens firent entendre une fort jolie musique instrumentale. Flotte magnifique, charmant et bienveillant accueil qui m’a fait plaisir.

J’ai visité aussi cette semaine, avec G. B. Émerson (oncle de Waldo et instituteur distingué), quelques écoles communales, où j’ai admiré la perfection avec laquelle les enfants, et surtout les filles, lisent, c’est-à-dire avec expression et vie ; on voyait qu’ils comprenaient très-bien les paroles et le sens de ce qu’ils lisaient. Ils répondaient bien également aux questions sur l’histoire naturelle. M. Émerson a à lui une grande école privée fort célèbre.

J’assisterai ce soir à la lecture d’Un Songe d’une nuit d’été, faite par madame Kemble, et plus tard, avec Émerson, à une soirée de musique chez un riche négociant de