Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
LA VIE DE FAMILLE

ses amis, M. Adams, dont il fait beaucoup de cas pour sa grande capacité pratique, la loyauté et la décision de son caractère.

Et maintenant, ma chère Agathe, je me propose de prendre la route du Sud, en allant d’abord à New-York, puis à Philadelphie, à Washington, à Charleston dans la Caroline du Sud. Arrivée là, je déciderai de la suite de mon voyage. Dieu soit loué de ce que je me sens à présent la force et le courage nécessaires pour le faire. Des invitations et des offres de gîtes me viennent de tous côtés et presque de tous les États. J’en ai plus d’une demi-douzaine rien que pour Philadelphie. Il y en a beaucoup que je ne puis pas accepter, mais plusieurs dont je me trouverai bien. En attendant, il est doux d’être l’objet de tant de chaude et prévenante hospitalité.

Le 25 février.

Où en suis-je restée la dernière fois, au moment d’entendre une lecture de Fanny Kemble ? C’était le Songe d’une nuit d’été. Je n’ai jamais bien compris ce rêve ; il ne m’a jamais fait plaisir, et il en a encore été de même cette fois, malgré l’admirable talent de madame Kemble. La soirée passée chez les Adams m’a été bonne. Mademoiselle Adams est une agréable jeune personne, avec jugement et aplomb ; elle a un talent réel sur le piano. Ensuite, Émerson a été amical et causeur. Il est très-frappé de l’individualité et du talent de madame Kemble, qu’il a vue aujourd’hui pour la première fois, et dit d’elle : « C’est Miranda, la reine Catherine et autres en une seule personne. » Il aime les individualités fortement prononcées ; moi de même ; mais Émerson voit l’espèce humaine trop indivi-