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LA VIE DE FAMILLE

versation se divisa en deux courants qui, au fond, pouvaient être appelées les deux tendances principales du temps : celle des socialistes qui veulent perfectionner l’homme et l’humanité par les institutions sociales, et elle paraissait avoir des avocats dans l’assemblée ; l’autre, dont Émerson est le chef, veut perfectionner la société par l’achèvement de chaque individu en lui-même. L’une des personnes de la compagnie, invitée par Emerson à exprimer son idée, dit, qu’elle se réunissait à lui sur ce point, que l’homme doit commencer le travail du perfectionnement par lui-même. Mais il doit aussi se parer comme une fiancée, afin de se montrer digne de son union avec l’esprit céleste, et qu’on ne pouvait atteindre que par cette union le degré le plus élevé de l’humanité. Émerson répondit par un sourire pensif. Et lorsque la personne en question ajouta en souriant aussi : « Vous voyez que j’attache, comme mes illustres compatriotes Svedenborg et Linnée, une grande importance au mariage, » tu devines qui était cette personne. « Vous considérez donc le mariage comme étant de la plus haute importance dans la vie ? » dit Alcott fort content. — « Oui le mariage spirituel ; c’est le seul nécessaire. » Alcott parut peu satisfait de ceci.

Du reste, il continua à vouloir nous tuer tous, même les enfants, excepté quelques êtres choisis, « corps d’élite » dont il serait le précepteur et qui renouvellerait l’espèce. Quand la conversation eut exprimé complétement ce qui pour elle était certain ou non, M. Parker (le prédicateur) prit la parole, fit une exposition magnifique, mais très-satirique, de ce qui avait été dit pendant la soirée ; et surtout des vues philanthropiques d’Alcott à l’égard de l’espèce humaine. Quand il eut fini, un rire involontaire parut sur tous les visages, même sur celui d’Émerson,