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LA VIE DE FAMILLE

où la piété, le travail, l’amour de la famille, les mœurs pures ont établi leur demeure. Je donne à la bonne ville de Boston ma bénédiction, et suis contente d’en être loin — pour le moment ; mais j’espère y revenir, et veux voir mes amis lorsque les ormes seront feuillés.

Dimanche, 10 mars.

Je sors d’une église presbytérienne, où j’ai entendu un jeune prédicateur de l’Ouest prêcher sur « le positif dans le christianisme ; » c’est l’un des meilleurs discours chrétiens improvisés que j’aie entendus dans n’importe quel pays. Le prédicateur Henry Beecher est un jeune homme plein de vie et d’énergie ; il prêche par suite de son expérience de la vie chrétienne, ce qui donne à ses paroles une puissance saisissante. Il me paraît en même temps dépouillé de l’esprit de secte à un degré peu ordinaire, et se tenir avec force et clarté à la lumière et dans l’esprit communs à toutes les églises chrétiennes. Il est aussi spirituel, et ne craint pas d’animer son sermon par des saillies ; plus d’une fois un rire général a éclaté dans l’église pleine de monde, ce qui n’a pas empêché l’auditoire d’être, bientôt après, disposé à répandre des larmes de joie et de dévotion. C’est ce qui est arrivé lors de la prière du jeune prêtre sur le pain et le vin, au moment de la distribution de la communion, et quand il fut plongé dans un ravissement contemplatif paisible sur ce mystère lumineux, sur l’humanité née de nouveau et glorifiée dans la vie du Christ « chair et sang. » Quand nous communions avec nos proches ou nos amis, nous devons rendre cette pensée vivante pour nous, la voir sous le point de vue de la transformation chrétienne et nous dire : « Comme mon époux,