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LA VIE DE FAMILLE

d’un bon génie venu de mon foyer suédois. Avec elle et mon petit lutin familier, tout ira bien. Il se pourra qu’à l’avenir il me soit impossible de t’écrire aussi souvent que je l’ai fait jusqu’ici ; mais tu recevras au moins une lettre par mois, et je ferai en sorte de t’en écrire de meilleures que par le passé. Pourvu que je continue à être aussi bien portante que j’en ai la disposition maintenant, je vivrai, je penserai, j’écrirai beaucoup. Le soleil vient de luire sur moi dans ma jolie chambre de Rose-Cottage. Puisse t-il luire aussi chez toi, et te parler de printemps, de vents chauds, de bains de mer et d’une grande santé !

13 mars.

Mon départ n’a pas eu lieu comme je le croyais. Le bateau sur lequel je devais m’embarquer a été vendu à des gens qui vont en Californie, et le bateau suivant ne part que de samedi en quinze. N’ayant ni le temps ni l’envie d’attendre aussi longtemps pour aller vers le Sud, j’ai résolu de partir par un navire à voiles, et Marcus a fait les dispositions nécessaires pour mon voyage sur un beau et solide paquebot. Si le vent est bon, la traversée pourra se faire en quatre ou cinq jours : il me semble que ce sera amusant de voguer à la voile. Si le vent est contraire, si la navigation est orageuse, alors — nous n’en marcherons pas moins. Rien en moi ne s’oppose à ce que je lutte un peu avec le vent et les vagues. J’ai fait mes paquets aujourd’hui, et, quoiqu’il fasse du vent, qu’il tombe de la neige, je me sens légère et en train de voyager. Je me trouverai mieux sur les flots que dans les salons éclairés au gaz de Boston et de New-York.

Je viens de passer une semaine chez madame Kirkland.