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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Elle n’est pas gaie et badine comme son « Nouveau Foyer dans l’Ouest » nous l’avait fait présumer. Elle prend une signification de plus en plus grande. Son esprit humouriste est refoulé par des chagrins et des malheurs ; mais il apparaît quelquefois comme un éclair, et trahit une gravité profonde de l’âme. C’est une femme forte, un cœur chaud et une citoyenne vraie ; elle se maintient debout, au milieu de grandes épreuves, par la religion et en travaillant pour ses quatre enfants, deux fils et deux filles. Son amitié pour le noble et célèbre Bellows, ainsi que son activité comme écrivain, donne de la richesse à sa vie. Elle est de ces natures où le masculin et le féminin s’unissent harmonieusement, et sont bien d’aplomb dans la vie. J’ai vu chez elle mademoiselle Haynes, qui a été missionnaire en Chine ; elle est encore jeune, jolie, et tient une grande pension de jeunes filles à New-York. Elle m’a captivée par sa personne et ses récits intéressants sur mademoiselle Dorothée Dix (la madame Fay du Nouveau-Monde), sa force de caractère et son activité hors ligne. J’espère encore rencontrer cet ange des prisons et des hôpitaux, et — lui serrer la main en reconnaissance de ce qu’elle est et de ce qu’elle fait.

J’ai vu aussi chez madame Kirkland le jeune voyageur Bajard Taylor, joli Yankee nouvellement arrivé de la Californie. Ses récits sur le pays de l’or, et particulièrement sur sa nature, son climat, ses plantes et ses animaux m’ont fort intéressée.

À propos de lui, il faut que je te dise ce que c’est qu’un Yankee, ou ce qu’il me paraît être. Un Yankee, c’est, à proprement parler, un indigène de la Nouvelle-Angleterre, du « en avant ! » de la jeune Amérique, la conquérante du monde entier. C’est un jeune homme (quand