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LA VIE DE FAMILLE

vire. » L’empereur battit des mains et rit tellement, qu’il faillit étouffer. « Vous avez raison, a-t-il dit ; nous en avons envoyé chercher un exemplaire, et nous étions en train de le lire ce matin quand vous êtes venu ! » Je lui ai dit alors tout ce que je savais sur notre pays ; il en a été fort content. L’empereur a voulu savoir combien de temps je resterais ici. J’ai répondu qu’ayant terminé l’affaire pour laquelle j’étais venu, je m’en retournerais probablement avec le même navire, et je leur ai fait mes adieux à tous. N’ai-je pas bien employé mon temps ? Je devine, monsieur Dallas, que vous ne pensiez pas que je me tirerais si bien d’affaire.

« — Non, en vérité, mon garçon, et, vous pouvez vous estimer heureux ; car il est fort rare que des têtes couronnées traitent un étranger avec autant de distinction. »

« Quelques jours après, le jeune homme revint et dit : « Je devine que je resterai encore un peu de temps ici ; on m’y traite si bien ! L’autre jour, j’ai vu entrer dans ma chambre un grand officier ; il m’a dit que l’empereur l’envoyait pour me faire voir les curiosités de la ville. Je me suis habillé, et l’officier m’a fait monter avec lui dans une fort belle voiture à quatre chevaux. Il m’a conduit au théâtre, au musée, et je crois connaître tout ce qui mérite d’être vu dans Saint-Pétersbourg. Que dites-vous de cela, monsieur Dallas ? »

« Il paraissait tellement impossible qu’un pauvre et jeune Yankee, sans éducation, fût ainsi accablé d’attentions, que l’envoyé ne savait ce qu’il devait croire ni penser.

« Peu de temps après, il vit reparaître son singulier compatriote, qui lui dit : « Ayant pris la résolution de retourner dans mon pays, je suis allé remercier l’empe-