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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

reur ; en vérité, je ne pouvais faire moins, il avait été si poli. » Alors il me dit : « Y a-t-il quelque chose que vous désireriez voir avant de retourner en Amérique ? — J’aurais assez aimé jeter un coup d’œil sur Moscou, dis-je, car j’ai entendu raconter beaucoup de choses sur l’incendie de cette ville, le Kremlin, et j’en ai lu une foule d’autres sur le général Bonaparte ; mais ce voyage me coûterait beaucoup d’argent, et je veux rapporter à ma mère celui que j’ai gagné. » Du reste, j’ai dit adieu à l’empereur et me suis retiré. Eh bien, devinez-vous ce qu’il a fait le lendemain matin ? Je vous affirme qu’il m’a envoyé le même homme en uniforme pour me conduire à Moscou dans l’une des voitures impériales, et il me ramènera quand j’aurai vu tout ce que je veux voir : nous partons demain, monsieur Dallas. Que vous semble maintenant ? »

« Et réellement, le lendemain matin, le jeune Yankee passa devant la maison de l’envoyé dans une magnifique voiture à quatre chevaux ; il lui fit des signes avec son mouchoir de poche en criant : « Adieu ! adieu ! »

« M. Dallas apprit ensuite de l’empereur lui-même que le récit du jeune homme était vrai dans toutes ses parties. Il en entendit parler plus tard de Moscou ; les fonctionnaires de la ville l’accompagnaient, et il était traité avec la même distinction que les envoyés étrangers. Les dernières nouvelles qu’on a de lui par les journaux en parlent comme voyageant en Circassie, et écrivant un journal qu’il se propose de faire imprimer.

« Et qui aurait pu faire cela, sinon un Yankee ? » ajoute madame Child.

Entre ce jeune Yankee et Henry Clay, l’homme d’État, il y a une grande distance ; je ne vois pas pourquoi ce dernier se présente maintenant à ma mémoire et domine la