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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

contrée peut offrir par suite de sa position et de ses dons naturels. C’est pourquoi je désire éviter, en général, les conversations sur l’esclavage. Mais avec quelques personnes, surtout avec des personnes sensées et droites, comme on en trouve beaucoup dans ce pays, j’en parlerai : je les interrogerai, les écouterai, et suis certaine que nous nous entendrons, si ce n’est pas toujours sur la chose, au moins sur son esprit. Je viens pour voir, apprendre, et non pas pour espionner. Je demande au Sud un peu de son air doux, des fleurs, du repos, de la santé, et ce qu’il a de bon, j’en conviendrai de tout mon cœur. Je crois aussi qu’il est peu de Méridionaux qui ne considèrent l’esclavage comme un malheur pour le pays, tout en trouvant difficile de s’en passer. Je t’écrirai plus au long de Savannah. Maintenant un baiser avec le vif désir qu’il te trouve de nouveau active et bien portante.


Plus tard.

Encore quelques mots pour te dire que j’ai vu madame Howland, ses enfants, et vais habiter sa maison demain. Dès le premier coup d’œil, son visage, et son expression si bonne, si loyale, m’ont plu, et le court entretien que j’ai eu avec elle a suffi pour fortifier ma première impression. C’est évidemment l’une des femmes et des mères bonnes et sensées de la terre. Madame Howland a pour les dons littéraires, et ceux qui les possèdent, un petit faible que pour ma part je trouve fort aimable. Elle est de mon âge, et à son extérieur il serait facile de la prendre pour une Suédoise. Ses yeux bleus, sa ronde et fraîche figure, ses formes pleines, ainsi que le calme, la bonhomie de