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LA VIE DE FAMILLE

et bien mieux que celles des domestiques libres dans notre pays. Les rapports entre maîtres et serviteurs me paraissent également, la plupart du temps, bons et cordiaux ; les anciens serviteurs d’une famille me semblent surtout dans des relations affectueuses avec elle, ce qui annonce une situation patriarcale comme celle qu’on rencontre ordinairement dans nos bonnes familles, avec cette grande différence cependant que chez nous ces rapports sont libres ; — c’est un engagement entre personnes raisonnables, et qu’elles peuvent rompre à leur gré. On trouve également ici de ces engagements libres ; mais ils sont alors une victoire remportée sur l’esclavage et les rapports qui en résultent. Il me semble qu’on ne sait jamais exactement ici à quoi s’en tenir à cet égard, et si le dévouement du côté des serviteurs est vrai ou non.

En attendant, il est certain que la race nègre a l’instinct très-prononcé de l’attachement et du respect ; on le voit à ses yeux, ils ont une expression particulière de bonté, de fidélité, de chaleur qui me plaît, et me rappelle la jolie expression de ceux du chien ; il est certain aussi que les nègres ont un penchant naturel à se soumettre à la race blanche, à la supériorité de son intelligence, et les mères blanches, comme les servantes noires, rendent témoignage de l’amour exclusif qu’ils ont pour les enfants des blancs. Il est impossible d’avoir de meilleures nourrices et bonnes d’enfants que les négresses, et, en général, de meilleurs gardes-malades que les noirs, tant hommes que femmes ; ils sont naturellement bons et dévoués. Si les maîtres blancs sont bons également, les rapports entre maîtres et serviteurs, surtout quand ces derniers sont un peu avancés en âge, sont véritablement bons et tendres. Mais les exemples du contraire ne manquent pas non plus. Les