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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

l’Hudson, pour me recevoir à mon arrivée. Je ne pouvais m’attendre à une pareille gracieuseté, d’autant plus qu’ayant retardé mon voyage, Downing était déjà venu une fois inutilement à New-York à mon intention. Toute sa personne me plut infiniment. Je ne sais pourquoi je me l’étais représenté comme un homme d’un âge mûr, avec des yeux bleus et une chevelure blonde, tandis qu’il a environ trente ans, des yeux noirs, des cheveux bruns soyeux et bouclés ; — mais tout cela forme un extérieur des plus romantiques. Il veut que je parte après-demain avec lui pour sa maison sur l’Hudson, où je ferai la connaissance de sa femme, et me reposerai. Je verrai ensuite la contrée montagneuse de l’Hudson, et réfléchirai sur les voyages que je me propose de faire.

J’ai passé la soirée avec mes amies du Canada, et M. Downing, dans l’un des nombreux et vastes salons d’Astorhouse, où j’ai fait diverses connaissances. Il y a à tous les étages des salons magnifiques avec meubles de velours, glaces, dorures, lustres superbes et éclairés au gaz d’une manière splendide. Les « ladies et les gentlemen » qui habitent l’hôtel y reçoivent des visites, causent, se reposent sur de moelleux et jolis canapés ou fauteuils, se rafraîchissent avec des éventails, et semblent n’avoir rien à faire au monde, sinon d’être aimables les uns pour les autres. Dès qu’une femme se lève, un cavalier s’avance sur le champ pour lui offrir le bras.

Le 5 octobre.

Ceci est plus fatigant qu’on ne peut se l’imaginer ; une journée de lionne m’a complétement épuisée. Dès le matin et tout le jour, j’ai été obligée de recevoir des visites, de me tenir assise ou debout dans un élégant petit salon, de