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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

choses, particulièrement dans la Caroline du Sud. M. Poinsett est l’un des sages du Nouveau-Monde ; après s’être retiré des affaires, il le contemple avec calme de son ermitage, où il vit heureux avec sa noble compagne, et en s’occupant de ses travaux des champs.

Le matin, après avoir déjeuné de bon appétit avec du riz, des œufs et des noix de coco, j’aide madame Poinsett à donner à manger aux oiseaux sur la terrasse et suis ravie quand les jolis cardinaux veulent bien avoir la condescendance de ramasser les graines répandues. M. Poinsett vient ensuite me prier de remarquer les belles roses Lamarque que M. Downing lui a données, et dont les fleurs d’un blanc jaune s’épanouissent par groupe sur un espalier appuyé contre la maison. Puis il fait le tour du jardin avec moi, me dit le nom des plantes que je ne connais pas, leurs qualités, car il est habile botaniste. Il m’a conduit aussi vers ses rizières que l’on va ensemencer, après quoi il faudra les inonder. Cette manière d’arroser et les vapeurs qui en résultent rendent les plantations très-malsaines pour les blancs pendant la saison chaude.

La plantation de M. Poinsett n’est pas considérable et ne paraît pas avoir plus de soixante nègres. Celles qui l’avoisinent ne me semblent guère plus vastes. Je me promène seule, librement, dans les environs et à travers les villages nègres, ce qui m’amuse beaucoup.

Ces villages se composent de petites maisons en bois peintes en blancs, placées ordinairement sur deux lignes et formant une rue. Chaque maison est isolée, a un petit lot de terre ou jardin et en général un ou deux arbres. Les maisons sont bien et propres ; un pareil village avec ses pêchers en fleurs comme dans ce moment présente un aspect fort agréable. Le temps est divin « véritable air de