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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

poules et les poulets fourmillent dans les jardins où poussent l’orge indien, des haricots et quelques racines ; mais ces terrains ne paraissent pas très-soignés. Les esclaves vendent des œufs, des poulets, leur porc à Noël, et gagnent ainsi de l’argent, avec lequel ils achètent de la mélasse, dont ils sont très-friands, des biscottes et autres friandises. Il y en a aussi qui amassent de l’argent, et l’on m’a parlé d’esclaves qui possèdent plusieurs centaines de dollars. Ordinairement ils placent leurs économies à intérêts chez leur maître, qu’ils considèrent, quand il est bon, comme leur meilleur ami, et ordinairement ils ne se trompent pas. Tous les villages à esclaves que j’ai vus se ressemblent, excepté en ceci, que les maisons des uns sont en meilleur état que celles des autres.

Les esclaves sont gouvernés par le maître et un ou deux surveillants ; sous ceux-ci, par un piqueur pour chaque corps de village : il éveille les esclaves le matin et les pousse à l’ouvrage quand ils sont paresseux. Ce piqueur est toujours un nègre, souvent l’homme le plus cruel et le plus dur de toute la plantation ; car, lorsqu’un nègre est impitoyable, il l’est à un haut degré et le plus grand fléau des esclaves de sa couleur. Les nègres libres qui ont des esclaves, — et il s’en trouve ici, — sont presque toujours les plus méchants maîtres. Je l’ai, du moins, entendu dire à des personnes dignes de foi.

Le 22.

Ma vie est paisible comme la petite rivière qui coule sous ma fenêtre, et cela fait du bien. Depuis que je suis dans ce pays, je n’ai pas joui d’un calme pareil ; car, excepté quelques visites faites par des voisins éloignés, je vis