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LA VIE DE FAMILLE

Les chefs des Muskhogeers devaient tenir un grand conseil à Cusitas, sur le rivage de la Chattahouchee. Oglethorpe se dirigea de ce côté par des sentiers solitaires, sans craindre la chaleur de l’été ou la rosée de la nuit, et arriva au grand conseil pour adresser des paroles affectueuses à ses amis les Peaux-Rouges, distribuer des présents, fumer le calumet de paix, et conclure avec eux une alliance solide pour la paix comme pour la guerre.

En 1734, Oglethorpe alla en Angleterre, où il obtint des avantages pour la jeune colonie. En 1736, il revint avec trois cents émigrants, dont il s’occupa comme un père. Il débarqua avec eux au pied d’une hauteur peu éloignée de l’île de Tybec. « Tous tombèrent à genoux et remercièrent Dieu qui les avait conduits heureusement en Géorgie. » Parmi ces émigrants se trouvaient encore des frères moraves, dont « la foi était supérieure à toute crainte ; » ils cherchaient à reproduire dans leurs coutumes celles des premières sociétés chrétiennes, où il n’y avait pas de caste ni d’État, où Paul le fabricant de tentes et Pierre le pêcheur gouvernaient par le témoignage de l’esprit. Avec eux étaient venus les frères Wesley. Charles, l’un d’eux, secrétaire d’Oglethorpe, brûlait du désir d’être l’apôtre du Christ parmi les Indiens, et de vivre dans le Nouveau-Monde d’une vie complétement consacrée à la gloire de Dieu. Il désirait faire de la Géorgie une colonie religieuse. « L’époque où les mouvements politiques et religieux ne faisaient qu’un était passée, ajoute Bancroft (cet extrait est tiré de son Histoire des États-Unis) ; le fanatisme ne pouvait pas exister quand l’influence du commerce dominait. La piété mystique, plus active encore par suite de l’horreur qu’on éprouvait pour les théories du dix-huitième siècle, apparaissait comme l’arc-en-ciel