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LA VIE DE FAMILLE

sur son chagrin, son affliction secrète, une belle et intime prière. C’est l’usage, à ce qu’il paraît, dans les églises baptistes d’ici, de prier ainsi sur et pour les affligés.

16 mai.

Il fait maintenant très-chaud ici, et la chaleur affaiblit ; sans elle je me trouverais parfaitement dans le foyer où je vis ; les maîtres et les serviteurs (nègres) paraissent tous pénétrés de la même bonhomie et bienveillance. Parmi les gens de cœur dont j’ai fait la connaissance ici, est la famille Mac-Intoch, l’une de celles qui travaillent à l’instruction et à la colonisation des noirs. Les jeunes filles de la maison ont instruit elles-mêmes les enfants des nègres de la plantation de leur père, et vantent beaucoup leur capacité. Ils aiment surtout les images et les histoires, y puisent facilement des impressions. Comme cela m’a réjouie ! quel beau cercle d’activité est offert ainsi aux jeunes personnes du Sud ! Mais je crois qu’il y en a peu encore qui le connaissent. J’ai formé avec cette aimable famille, le projet de faire un voyage de plaisir dans la Floride, où l’un des fils de la maison est établi. « L’homme propose et Dieu dispose ! »

Il y a une foule de jolis endroits autour de Savannah, le long des bords élevés de la rivière ; leur richesse en fait de beaux arbres et de belles fleurs est extraordinaire ; j’éprouve du plaisir à retrouver dans la plupart d’entre eux des noms de famille suédois, et d’y reconnaître la marque de Linnée. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de la Rudbeckia, la Lagerstrœmia, très joli buisson à fleurs rouge clair qui ressemblent au laurier-rose. Les maîtresses de maisons (et j’ai trouvé parmi elles quelques femmes extrêmement