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LA VIE DE FAMILLE

du devoir, de l’amour, et cela marche parfaitement. Ce digne planteur m’a invitée à venir m’en assurer. Puisse-t-il vivre longtemps !

Il fait horriblement chaud ici ; il faut que je prenne la route du Nord avant d’être complétement fondue. Sans cette circonstance, je serais volontiers restée ici encore un peu de temps pour voir les plantations de coton dans les îles.

Les côtes de la Caroline et de la Géorgie sont bordées d’îles qu’on dit belles comme le paradis et riches en végétaux. Elles produisent le plus beau coton dans les champs élevés et du riz dans les terres basses. La Caroline a aussi des montagnes et des métaux, des sources de roche fraîches, limpides comme cristal ; elles ne prennent que plus avant dans leur course la couleur rouge-chocolat dont j’ai parlé.

Je voulais retourner dans le Nord par les montagnes, le Tennessée et la Virginie ; car je veux absolument voir cette dernière, l’un des États les plus anciens et la patrie de Washington ; mais le voyage à travers le Tennessée serait devenu si fatigant pour moi, grâce à ses mauvaises routes, ses mauvaises auberges (car elles sont encore, dit-on, dans l’enfance), que je n’ai pas osé l’entreprendre par cette forte chaleur. Je m’en retournerai donc tranquillement par mer, comme je suis venue, et m’embarquerai le 15 pour aller à Philadelphie et de là à Washington. En attendant, je me reposerai et me bornerai à quelques excursions hors de la ville. Je me porte bien, grâce à Dieu et à ma prudence continuelle sous le rapport du régime.

Mesdemoiselles Annely, deux sœurs riches et d’âge moyen, ont la bonté de me prêter voiture et chevaux pour me conduire chez elles. La plus jeune vient ordinairement