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LA VIE DE FAMILLE

j’ai fait connaissance avec Bryant, Lowell, Émerson, qui représentent, quoique d’une manière bien différente, la vie du Nouveau-Monde. Bryant chante sa vie naturelle, ses forêts, ses prairies, les scènes de la nature, les phénomènes qui lui sent particuliers ; son chant, c’est l’inspiration calme, fraîche de la vie de la nature. On voit la séve circuler dans les veines des plantes et les feuilles s’épanouir. Son Thanatopsis, ou poëme de la nuit, est grandiose quoique court ; toute la terre y est considérée comme un vaste cimetière. Lowell, inspiré par les grandes questions sociales du Nouveau-Monde, par les idéalités de la vie du jeune monde, les vivifie dans des chants sur la liberté, sur la félicité que donne une vie libre noblement joyeuse, par des chants sur la gloire et la beauté du travail. Je demande et redemande constamment à M. Downing de me lire le beau petit poëme : « O fils du pauvre ! » il me ravit par sa mélodie et la justesse de son esprit. — qui est une mélodie morale, — et la joyeuse vérité qu’il exprime dans ses espérances relativement au fils du pauvre sur la terre du Nouveau-Monde. Je voudrais traduire ce joli morceau et avoir la voix musicale de M. Downing pour t’en faire la lecture. Caroline, sa femme, lit de préférence, dans les poésies de Lowell, un petit poëme épique intitulé La vision de sir Launfall. Les idéals de Lowell sont purement moraux et une veine profonde de sentiment religieux les traverse. L’un de ses plus beaux chants, dans lequel brûle un patriotisme énergique et noble, est dirigé contre un acte du congrès qui favorise la conservation de l’esclavage dans les États-Unis. Ce poëme et plusieurs autres écrits dans le même esprit ont placé le jeune poëte dans les rangs d’un grand parti de ce pays appelé les abolitionistes, parce qu’il travaille à détruire l’esclavage. Les vers de Lowell