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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Une autre fête à laquelle j’ai assisté a eu lieu chez l’aïeule maternelle de madame Downing, pour célébrer son quatre-vingt-dixième anniversaire. Cette dame habite la rive opposée, et, en l’honneur du jour, ses enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, et beaucoup d’autres parents, formant ensemble une réunion de cinquante à soixante personnes, s’étaient rendus chez elle. L’héroïne de la fête est encore animée, active presque comme une jeune fille. Nous avons mangé, bu, porté quelques santés, et j’ai proposé celle des foyers domestiques américains et suédois. Après le dîner, nous avons fait un peu de musique, j’ai joué des polonaises suédoises, et un jeune artiste, M. Cranch (peintre de paysage), gendre de l’une des petites-filles de la maison, a chanté un grand air italien si bien et avec une si jolie voix, que nous en avons été enchantés ; on s’apercevait fort bien qu’il avait étudié cet art en Italie. Je suis allée dans une couple d’autres familles des bords de l’Hudson. Dans l’une d’elles j’ai trouvé une agréable et vive hôtesse, beaucoup de joli luxe, mais dépourvu de la délicatesse d’esprit qui distingue la maison de Downing ; dans l’autre une femme âgée, originale, comparée par nous à « ma chère mère » des Voisins, et lui ressemblant assez ; j’y ai fait la connaissance du docteur Hull, homme aimable, et disciple ardent de notre Svedenborg ; sa conversation est plus agréable que celle de la plupart des svedenborgiens que j’ai rencontrés. Il y a, dit-on, dans ce pays, une foule de soi-disant disciples de Svedenborg.

La visite de Bergfalk me donne beaucoup de joie, ainsi que la disposition d’esprit et le regard si exempt de préjugés avec lequel il étudie ce qu’il y a de bien et de mal dans ce Nouveau-Monde ; j’aime aussi son attachement ardent pour la Suède et le bon espoir qu’il a de son dévelop-