suédoises. Le bon morceau de la soirée a été un air plein
de gaieté, chanté par un monsieur d’un certain âge. J’ai
eu froid dans ma chambre, parce que le temps s’est
raffraîchi et qu’on ne fait pas de feu dans les chambres à
coucher ; c’est comme en Angleterre, mais non pas comme
dans notre bonne Suède. J’aurai de la peine à m’accoutumer
à ces chambres froides, où j’ai toutes les peines du
monde à me lever et à m’habiller avec des doigts glacés.
Mais j’oubliai tout cela lorsque, descendue pour le déjeuner,
je me trouvai en face de mon aimable hôtesse, dans
une pièce fort gaie ayant vue sur le port, la ville et les
îles. Dans la matinée, M. Putnam me promena en voiture
dans Staten-Island, et nous fîmes quelques visites. Les
riches forêts, dorées par l’automne, étaient resplendissantes ;
le jeu de leurs couleurs était chaud et profond
comme les passions les plus pures de l’âme. Les sentiments
qu’elles faisaient naître en moi me ranimèrent ; je passai
à travers la forêt comme à travers un temple rempli de
caractères symboliques ; je pouvais les lire et les expliquer.
Nous avançâmes ainsi jusqu’à la plus haute colline
de l’île, d’où la vue était grandiose et admirable par son
étendue sur le pays et la mer. On ne distingue plus les
hauteurs ; l’œil plane, tourne comme l’aigle dans les airs
sans découvrir un rocher, une cime, sur lesquels il puisse
se reposer.
Je vis aussi des habitations avec leurs jardins, des maîtresses de maison bienveillantes et jolies. L’une d’elles, véritablement belle, était triste, la mort avait récemment emporté sa joie. Dans une autre maison, le bonheur et la joie avaient établi leur domicile, on ne pouvait pas s’y méprendre. Je suis obligée de promettre que je reviendrai an printemps pour assister au retour de cette sai-