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LA VIE DE FAMILLE

partir d’ici ? — ceux du moins qui ne vivent que pour manger. — Nous imitons alors la conduite du quaker envers son adversaire, répliqua M. Colden en souriant ; il le saisit d’une main vigoureuse : — Eh bien, dit l’adversaire, allez-vous me battre ? ce serait un procédé contraire à votre doctrine religieuse. — Non, je ne veux pas vous battre, mais vous tenir d’une manière désagréable. » Bergfalk était aussi satisfait que moi de voir cet établissement grandiose et de plus en plus florissant, que le peuple du Nouveau-Monde a créé en faveur des enfants malheureux de l’Ancien. Je ne jouissais pas moins de l’individualité de M. Colden, l’une de ces fortes natures qui peuvent porter de pareils établissements avec autant d’aisance qu’une mère porte son nourrisson. C’est un homme fort de cœur, d’âme et de corps. J’éprouve pour de tels hommes une admiration qui ressemble beaucoup à de l’amour filial ; ils possèdent cet aimant qui fait, dit-on, partie de la nature des montagnes.

J’ai visité aussi, avec madame Skeyler, une maison fondée en faveur des femmes repenties ; elle m’a paru bonne et bien ordonnée. Mademoiselle Sedgewik, l’une des directrices, agit d’une manière infiniment salutaire sur cette institution, en lisant à ces femmes des histoires propres à réveiller en elles la meilleure partie de leur nature, en leur parlant avec bonté et raison.

Madame Skeyler, aussi douce et maternelle dans son intérieur que bonne citoyenne au dehors — toute femme au noble caractère devrait l’être, — a été une hôtesse aimable pour moi ; je regrette seulement de n’avoir pu causer davantage avec elle. Ces écoles, ces asiles, etc., etc., sont parfaitement estimables ; — mais, hélas ! combien ils me fatiguent ! — Madame Skeyler m’a conduite chez