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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

souches et les planches emportées par le courant vers la mer ; le rivage était vert et resplendissant d’or. Une heure après, nous étions sur le bateau à vapeur qui devait nous conduire dans le New-Jersey. Bergfalk nous avait rejoints, plein de vie et de bonne humeur, et Channing avec un rayon limpide comme le diamant dans les yeux ; il était accompagné d’un M. H…, admirateur des fleurs, et de Channing. Nous voguâmes, éclairés par le soleil et en causant sur divers sujets intéressants. Le dialogue proprement dit avait lieu entre Channing et moi ; les autres servaient d’auxiliaires, tous un peu contre moi, excepté Marcus, dont le jugement s’accorde d’une manière particulière avec le mien. Puis, les nuages s’amassant au-dessus de nous, la pluie ne tarda point à tomber, et nous arrivâmes avec elle dans une petite ville du New-Jersey, appelée New-Ark. Là, nous trouvâmes la voiture de voyage du Phalanstère, destinée aux créatures humaines comme aux pommes de terre, et nous nous enfournâmes sous une bâche voûtée de toile jaune d’huile qui nous protégea contre la pluie ; un jeune et joli phalanstérien nous conduisait avec deux chevaux excellents. Après avoir sillonné le sable pendant une couple d’heures, nous atteignîmes le Phalanstère. Il se compose de deux grands corps de bâtiments entourés de plusieurs autres plus petits, sans rien de remarquable dans leur architecture. Les environs ressemblent à un parc : ils sont jolis ; le sol et les arbres étaient encore verts ; le New-Jersey est connu pour la douceur de son climat et ses bons fruits. Nous fûmes introduits dans une salle où l’on nous servit un dîner qui n’aurait pas été meilleur dans l’Arcadie ; assurément, on n’y aurait pas trouvé du lait, du pain, du fromage, plus excellents. La viande ne manquait pas.