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LA VIE DE FAMILLE

lifornie ; après quoi, elle sera probablement bientôt décidée d’une manière quelconque. Dans tous les cas, Clay partira pour les bords de la mer, où il va prendre les bains. Je resterai encore quelques jours ici pour l’entendre.

Je vais te parler maintenant de diverses personnes et choses qui m’ont offert de l’intérêt ici. Parmi les premières se trouve un savant, M. Scoolcraft, qui a découvert les sources du Mississipi bien avant au nord dans la province de Minnesota. Il a beaucoup vécu parmi les tribus indiennes, raconte des choses intéressantes à leur sujet, s’occupe de la publication d’un ouvrage qui les concerne ainsi que la contrée du Mississipi supérieur. M. Scoolcraft marche avec des béquilles, par suite d’une paralysie de la jambe ; mais son esprit se meut librement. C’est un homme instructif à écouter et très-bienveillant. Il m’a donné, ainsi que d’autres, la plus grande envie de voir le Mississipi supérieur, dont le caractère est grandiose, dit-on, d’aller parmi les Indiens, de voir leur vie sauvage, de parcourir la vallée du Mississipi dans toute sa longueur, depuis le nord jusqu’à la Nouvelle-Orléans au sud. Je voudrais voir cette patrie future d’une population qui deviendra plus nombreuse, dit-on, que celle de toute l’Europe actuelle. Depuis que j’ai vu le sud de l’Amérique du Nord, depuis que je pressens la vie de l’Ouest et reconnais la vérité de ces paroles d’Émerson : « le poëte de l’Amérique n’est pas encore venu ; » quand même je ne verrais pas le poëte, je serais bien aise de voir la muse qui l’inspirera, de jeter au moins un regard sur la grandeur de son empire, les forces dont elle disposera dans la nature, d’acquérir un pressentiment de la vie et du développement des générations futures qui l’habiteront.