Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Dans la collection des curiosités indiennes que possède M. Scoolcraff, se trouvent de petites flûtes dont les Indiens se servent lorsqu’ils sont épris et veulent déclarer leur amour à l’objet aimé. Ils se tatouent, se parent de leur mieux, et vont, pendant un soir ou une nuit calme, jouer de la flûte dans le voisinage de la tente ou wigwam de la bien-aimée. Si la belle est bien disposée en faveur du musicien, elle se montre hors de la tente, quelquefois elle s’avance et se laisse emmener par lui. Cette flûte est un instrument fort incomplet, et les Indiens, qui sont peu organisés pour la musique, ne produisent avec elle que des sons presque dépourvus de mélodie et ressemblant au sifflement ou gazouillement des oiseaux. M. Scoolcraff a eu la bonté de me donner des dessins sur la vie et les coutumes des Indiens ; l’un d’eux représente cette déclaration d’amour nocturne.




À l’observatoire d’ici, j’ai regardé la lune avec un vieux et très-bon télescope ; j’ai vu sa rêveuse, Mare vaporum, ses vallées, ses montagnes et la crevasse de l’une d’elles. Il est fâcheux que ce joli observatoire soit situé dans un endroit malsain (sur le bord de la Potomac), où les savants ne peuvent habiter sans perdre la santé.

Je suis allée un jour, avec mademoiselle Dix et un joli couple nouvellement marié, à la chute de la Potomac, dans une contrée agreste et pittoresque. Ici habitait, dans la plus grande solitude, une sorte de génie du lieu, espèce de sauvage ayant sept doigts à chaque main et aux pieds ; c’était un géant pour la taille. Il vit de poisson, est doux, dit-on, quand on le laisse en paix, mais dangereux comme