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LA VIE DE FAMILLE

tant de bruit par la galerie, que le président, après avoir réclamé plusieurs fois le silence, dit avec colère qu’il la ferait évacuer si l’on recommençait.

Clay se dispose à quitter Washington ; il est probable qu’après son départ la question du bill de compromis sera bientôt décidée. L’opposition est trop forte contre lui et le bill dans ce moment, et il montre la même opiniâtreté à le soutenir.

Demain, je partirai avec mademoiselle Dix pour Baltimore, où je m’arrêterai une couple de jours en allant à Philadelphie.

Je quitte Washington, et cette scène de la vie dans le Nouveau-Monde se ferme devant moi pour toujours. Qu’ai-je vu ? Quelque chose de plus beau que les assemblées délibérantes du Vieux-Monde ? Non. Quelque chose de nouveau ? Non ; pas chez les sénateurs du moins. Ce qui est neuf, le Seigneur l’a mis sous notre main dans le monde créé par lui et sur la terre nouvelle de ce monde où la lutte a lieu, dans les perspectives que les questions de liberté et d’esclavage ouvrent sur des contrées et des scènes naturelles inconnues jusqu’ici, et qu’on n’aperçoit maintenant qu’à travers des clôtures incertaines. Ce qu’il y a de rafraîchissant, de nouveau, provient de la différence de caractère des divers États représentés, et surtout du grand pays de l’Ouest, que l’on connaît à peine ; de la vue de ses déserts, de ses paradis, où errent maintes races d’hommes, cherchant ou se construisant une demeure ; de l’immense Texas, où cinq États encore peuvent être créés, où des champs fertiles sont traversés par Rio-Grande, Rio-Collorado et d’innombrables rivières ; du Nouveau-Mexique, avec ses déserts à fonds de granit, où l’eau manque dans des espaces de trente, de quarante milles, mais dont la vallée de los Angelos, avec sa chaleur tropicale, fait murir les