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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

personne, la félicité de son père comme il est la sienne, partage ses idées. Elle est blonde, a les yeux bleus d’une vierge scandinave et lui ressemble. La femme de l’autre frère est brune, svelte, jolie, spirituelle, gracieuse comme une Française. Les deux familles vivent dans une union étroite. Ce que je vois, ce que j’ai vu de meilleur et de plus beau dans le Nouveau-Monde, c’est la vie de famille, la nature et les institutions charitables, œuvres de l’amour chrétien.

Parmi les plaisirs du Cap-May, il faut compter quelques Indiens, dont les tentes sont dressées non loin des hôtels de la plage ; ils fabriquent des paniers, des éventails (dans le goût indien) et plusieurs autres petits objets qu’ils vendent. Les hommes sont demi-sang indien mais les femmes de véritables Sqwaws (nom que l’on donne aux Indiennes) : elles ont les cheveux noirs, tombant d’une manière sauvage, les traits forts, sont laides ; les enfants ont des yeux magnifiques, sont jolis, mais sauvages comme des bêtes farouches. Chaque semaine il y a dans les hôtels une « sauterie, » espèce de bal. Je n’ai pas le courage de quitter la société de la mer et du clair de lune pour m’enfermer dans une salle étouffante, et voir sauter des créatures humaines. Les scènes d’une nature moins joyeuse ne nous ont pas manqué non plus. Hier, dans notre hôtel, il y a eu grande bataille entre les domestiques nègres et des messieurs blancs ; il en est résulté plus d’un front ensanglanté. Le principal tort a été attribué à un propriétaire d’esclaves, qu’on a obligé de partir. Dans un autre hôtel, deux tentatives d’incendie ont été découvertes à temps. On en a accusé un nègre, mais surtout la maîtresse de l’hôtel, vu la manière dont elle traité ses gens. Tous les domestiques ici sont nègres ou mulâtres.