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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

nouvelle vie après cette mercuriale ; un cercle composant le chœur permanent se forma ; autour de lui s’agitèrent des cercles dansants qui semblaient s’allonger en se tressant pour ainsi dire les uns dans les autres avec beaucoup de méthode et d’art. Toute l’assemblée des Trembleurs prit part à la danse, deux à deux, puis trois par trois, par rangs, et toujours en frappant des pieds en mesure, en agitant les mains et chantant d’un ton plus animé qu’auparavant.

À mesure que la danse et le mouvement se prolongeaient, ils s’animaient sans jamais sortir de l’amble, — et je vis des gouttes de sueur se perler sur maint visage ; mais les yeux des femmes continuèrent à rester baissés, et leurs visages à ne point avoir d’expression. Les hommes avaient un air plus animé : leur danse prenait de la vie à mesure que le mouvement de leurs mains ressemblait davantage au jeu de la harpe. Il était facile de penser durant cette ronde qu’elle était un symbole de la vie, et j’ai appris depuis qu’elle représentait le progrès des âmes dans le chemin de la vie. Le chœur, au milieu de la salle, chanta pendant tout le temps en agitant les mains. Quant à moi, je ne vois pas pourquoi la danse ne ferait pas aussi bien partie du culte que le chant, la musique, etc., etc. ; elle devrait être l’expression naturelle de certains mouvements de la vie religieuse. Quand le roi David dansa devant l’arche et joua de la harpe en chantant les louanges du Seigneur, il suivait une inspiration vraie. Je n’ai contre la danse des Trembleurs que son manque de vie. Elle est évidemment aujourd’hui une œuvre de la tradition, de l’habitude et du calcul. C’était différent il y a quelques années, et, comme je l’ai entendu dire à mademoiselle Sedgewick, cette danse produisait des phénomènes fort singu-