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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/201

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

rhume de cerveau, n’a point osé sortir à cette heure) nous avons traversé la rivière et nous nous sommes promenés sur la rive du Canada au soleil couchant. À chaque mouvement de l’esprit des eaux, ou brouillard, de nouvelles figures se formaient ; tantôt les arcs-en-ciel s’arrondissaient les uns au-dessus des autres, s’élevaient vers l’espace bleu ; tantôt des flammes, rayonnantes de toutes les couleurs du prisme, étincelaient au-dessus des vagues vertes de l’abîme : c’était une clarté incessante, toujours variée et d’une beauté enchanteresse. Quelle vie ! quel échange de chants entre le ciel et la terre ! À mesure que le soleil baissait, les arcs lumineux s’élevaient, pénétraient dans la masse des nuages qui grandissaient ; des nuées d’un rouge-clair nageaient dans le ciel bleu pâle au-dessus de la chute vert émeraude entourée de bancs élevés couverts d’une forêt en magnifique parure d’automne, comme on n’en voit que dans les forêts américaines ; tout était silencieux et calme, excepté la chute d’eau, à laquelle la nature semblait prêter une oreille attentive. Mais — il est inutile de chercher à peindre la beauté et la paisible grandeur de cette scène.

Le 9 septembre.

Je vais te raconter une petite histoire :

Au matin des temps, avant la création de l’homme, la Nature était seule avec son Créateur. Réchauffée par son feu divin, éclairée par son regard, elle s’éveilla au sentiment de la vie. Son cœur se gonflait d’amour pour celui dont elle avait aspiré l’amour ; elle était impatiente de lui offrir un holocauste, de répandre devant lui la vie qu’elle en avait reçue. Jeune, animée de toute la vie pri-