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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Margaret Fuller parle de cette visite dans son Été sur les lacs ; mais ce qu’elle ne raconte pas, ce que j’ai appris ici, c’est la générosité avec laquelle ses amis et elle se sont intéressés aux malheureux Suédois et les ont mis en peu de temps dans une position complétement différente. Ils furent amenés à Chicago ; le capitaine, entre les mains d’un médecin habile, se rétablit. Mettant à profit son talent de dessin, il est en ce moment le plus habile daguerréotypeur de tout l’Illinois. Il gagne beaucoup d’argent, est généralement aimé ici. Sa vive et jolie femme raconte maintenant en riant et pleurant à la fois les événements de sa vie dans le désert, et fait un mélange charmant de suédois et d’anglais.

Il y a beaucoup d’Allemands à Chicago, surtout des marchands et des artisans. Cette ville, fondée il y a seulement vingt ans, a déjà vingt-cinq mille habitants. C’est un véritable « nourrisson » du grand Ouest, mais peu civilisé encore, comme je l’ai dit. Cependant il y a ici une rue, ou pour mieux dire un rang de maisons ou petites villas le long du lac, sur une berge élevée qui lui donne une apparence d’air « comme il faut, » air qu’elle ne manquera pas de prendre un jour ; car il y a ici des gens de toutes les parties de la terre, et qui forment un bon noyau de fraîche et véritable aristocratie.

Chicago porte dans ces armes le nom de « ville dans le jardin. » Elle pourra répondre à son nom poétique quand la prairie qui l’entoure sera devenue un jardin.

J’ai vu ici des salles d’école hautes et claires ; j’ai entendu les élèves, dirigés par un maître parfait, exécuter des chants à quatre parties, de manière à m’émouvoir jusqu’aux larmes. Et ces enfants, comme ils sont éveillés,