avides d’apprendre ! L’Ouest ne manquera pas d’avancer avec honneur.
Mes amis se plaignent de ce qu’ici la situation politique tient du chaos et n’est pas pure ; c’est un effet de l’émigration des populations les moins cultivées de l’Europe, et de la facilité avec laquelle on leur accorde les droits civils. Au bout d’une année de séjour dans la ville, l’émigrant peut voter et participer à l’élection des membres du gouvernement de l’État et de la ville. Des agitateurs politiques, non estimables, se servent de l’ignorance des émigrants et les montent par leurs discours en faveur des candidats pour lesquels ils font le puff, et qui parfois les ont achetés. Les hommes les plus recommandables, ne pouvant se décider à lutter contre ces aventuriers, se tiennent à l’écart, et souvent ils ne parviennent à rien dans le gouvernement. Les aventuriers ambitieux, hardis, arrivent facilement aux emplois, et une fois là, recourent à toutes sortes d’artifices et de ruses pour conserver leur popularité. Les Européens ignorants, imbus de l’idée que les rois et les gens des classes élevées sont la cause de tout le mal dans le monde, donnent leur voix à celui qui s’élève le plus contre eux et dit qu’il est l’homme du peuple.
L’Illinois est un État jeune avec un million d’habitants ; mais le sol est assez riche pour en nourrir dix fois autant. Le climat n’est pas bon pour les émigrants européens ; pendant la première année ils ont à souffrir des fièvres et autres maladies climatériques.
Je partirai demain de Chicago, et traverserai le Michigan pour aller à Millwaukie, dans le Visconsin. M. Reed, homme jeune et fort bien, est arrivé hier ; il vient me chercher. J’ai passé peu de jours à Chicago, et j’y ai vu des personnes avec lesquelles j’aurais été bien aise de vivre