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LA VIE DE FAMILLE

dins, prouvent que la vie de la lumière cherche à se frayer une route.

La dernière fois que je t’ai écrit, c’est de Chicago. De cette ville, j’ai traversé le lac Michigan en bateau à vapeur, et me suis rendue à Millwaukie, escortée par M. Reed ; les propriétaires du bateau n’ont pas voulu me permettre de payer ma place. Le voyage a été éclairé par le soleil et amusant ; nous avons touché à de petites villes nouvellement nées sur les bords du lac, telles que South-Bord, Elgin, Racine, n’ayant chacune que sept à huit ans d’existence ; elles sont en bonne voie de croître sous l’influence de la navigation des lacs et du commerce.

J’ai rencontré à Millwaukie un Suédois, M. Lange, qui y est établi comme négociant ; il m’avait invitée chez lui, et me conduisit dans sa demeure, où sa femme, bienveillante Irlandaise, m’a accueillie avec effusion. C’était le soir. Le lendemain il pleuvait ; mais le temps s’éclaircit et devint ravissant. Pendant toute la matinée, il m’a fallu jouer le rôle de lionne devant un courant intarissable de messieurs et dames ; j’ai reçu des cadeaux de fleurs, de livres, des vers ; j’ai été obligée d’être polie, de faire les mêmes réponses aux mêmes questions, de jouer, recommencer, recommencer encore les mêmes chansons et polonaises suédoises sur le piano. Parmi toutes ces personnes, plusieurs évidemment devaient être des individus offrant de l’intérêt et avec lesquelles il m’aurait été agréable et utile de m’entretenir ; mais, hélas ! le courant passe rapidement avec toutes ses perles.

À midi, je suis allée dans une grande pension, où j’ai vu une foule de jeunes et jolies filles, fait la conversation avec elles. J’ai vu aussi quelques maîtresses qui étaient bien, et puis encore des messieurs et des dames. Une