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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

tre grand Gustaf Adolphe et Oxenstjerna qui tracèrent le plan d’une colonie suédoise dans le Nouveau-Monde, et, pour la faire prospérer, le roi se rendit caution personnellement d’une somme de quatre cent mille rixdalers[1] à prendre dans le trésor royal. Des personnes de toutes les classes furent invitées à prendre part à cette entreprise. La colonie devait vivre de son travail libre, « les esclaves, disait-on, coûtent beaucoup et travaillent à contre-cœur. Les Suédois étant laborieux, sensés, nous gagnerons assurément davantage avec des hommes libres ayant femme et enfants. » Les Suédois voyaient dans le Nouveau-Monde un paradis et croyaient la colonie future destinée à devenir « un asile pour les femmes et les filles de ceux que les persécutions religieuses ou la guerre obligeaient à fuir, et une bénédiction pour les individus, le monde protestant tout entier. » « Elle sera peut-être utile à la chrétienté opprimée, » disait le grand roi, qui, dans ses plans pour la gloire de la Suède, y ajoutait toujours la prospérité de l’humanité.

Ce projet fut réalisé par Oxenstjerna après la mort du roi. On acheta des terres sur la rive méridionale du Delaware ; elles furent peuplées par des émigrants suédois. La colonie prit le nom de la « Nouvelle-Suède, » prospéra pendant quelque temps et vit sa considération s’accroître, en se livrant à l’agriculture, à toutes les industries pacifiques. Elle construisit, pour se défendre contre les Hollandais, qui occupaient la rive opposée, la forteresse de Christiania ; la population suédoise de cette colonie ne se montait pas cependant à plus de sept cents âmes. Lorsque des contestations s’élevèrent entre elle et la colonie plus puissante de

  1. Cinq à six cent mille francs. (Trad.)