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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

quand elle est bonne, seront implantées dans le désert de l’Ouest par nos colons. Cette journée passée avec les Suédois du lac des Pins, cette vie de famille pleine d’amour, cette riche hospitalité dans de pauvres cabanes, m’en sont garants. Les Suédois resteront Suédois, même dans le Nouveau-Monde ; leur vie, leur caractère national, leurs danses et leurs jeux, leurs chants et leurs psaumes donneront à la vie de l’Ouest un nouvel élément, une beauté nouvelle. Ils apprendront au peuple de ce pays que la gravité et la gaieté peuvent végéter ensemble, qu’on peut être à la fois pieux et gai le dimanche comme les autres jours ; ils enseigneront aux habitants de ce pays l’ordre, la persévérance, le système de la vie, choses qui leur manquent encore.

Durant cette journée, j’ai adressé à tous les Suédois que j’ai rencontrés des questions sur l’avenir et la situation des émigrants dans ce pays nouveau, comparés à leur position dans la terre natale. Leurs réponses se sont presque toutes accordées, et ce qui suit peut en donner une idée :

« En travaillant aussi rudement en Suède que nous le faisons ici, nous nous tirerions aussi bien d’affaire et souvent mieux.

« Quiconque n’est pas accoutumé aux travaux rudes ne doit pas se faire agriculteur dans ce pays.

« Si l’on a un peu d’aisance dans sa patrie, il vaut mieux y rester ; il ne faut pas venir ici avec une grande famille, à moins que ce ne soit en vue des enfants, car ils ont dans ce pays de meilleures chances d’avenir qu’en Suède. Ils entrent dans les écoles gratuitement, y reçoivent un bon enseignement et trouvent ensuite avec moins de peine à se tirer d’affaire.

« Mais les personnes âgées, non habituées à un travail rude et à la privation des commodités de la vie, ne résis-