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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/232

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LA VIE DE FAMILLE

tent pas longtemps aux maladies et autres difficultés qu’elles rencontrent ici.

« Les célibataires jeunes peuvent émigrer s’ils veulent commencer par se mettre en service dans les maisons américaines, où ils sont bien nourris et vêtus ; on leur donne de bons gages, qui les mettent à même d’amasser promptement quelque chose. Quand on est jeune et robuste, il est facile de se tirer d’affaire ici ; mais il faut se préparer à travailler vigoureusement, à souffrir des inconvénients du climat.

« En général, les Norwégiens résistent mieux que les Suédois, parce qu’ils songent à travailler, à économiser et moins à s’amuser que nous. Aussi émigrent-ils par grandes bandes, ce qui leur permet de s’entr’aider. »

Au lever du soleil, M. Lange et moi nous nous dirigeâmes, par les sentiers tortueux de la forêt, vers la grande route, où je devais attendre la diligence de Madison ; M. Lange retournait chez lui. Il y a dans cette contrée plusieurs lacs fort jolis, aux bords romantiques, et le nombre des habitations qui s’élèvent sur leurs rives augmente journellement. J’ai entendu nommer le lac d’Argent, le lac Nob-Maddin, celui de Naschota, infiniment joli, et dans le voisinage duquel j’attendais la diligence. Il y avait ici une agréable maison de campagne nouvellement bâtie, des établissements commencés. La forêt, épaisse et sauvage, était forcée çà et là de s’entr’ouvrir pour offrir des vues sur le lac.

La diligence arriva. Elle était remplie de messieurs ; ils se serrèrent et je m’enfonçai entre eux en m’appuyant des deux mains sur mon parapluie comme sur une canne. Je fus cahotée, ou, pour mieux dire, impitoyablement bourrelée sur les routes nouvelles du Visconsin, qui n’en sont