Aller au contenu

Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

pas. C’est une suite de trous, d’élévations, de flaques d’eau ; une roue s’enfonçait, tandis que l’autre était en l’air. Parfois la voiture s’arrêtait net, à moitié versée dans un trou ; un bon moment s’écoulait avant qu’on pût la retirer pour pencher de même de l’autre côté. Cette manière de voyager me paraissait presque incroyable ; je ne comprenais pas qu’on pût continuer de la sorte et avancer. Il nous arrivait aussi de faire un grand bout de chemin dans une eau si profonde, que je m’attendais à voir tout l’équipage flotter ou s’engloutir ; et, lorsque nous reprenions terre, c’était pour faire les bonds les plus étranges pardessus des souches, des troncs renversés. On cherchait à me rassurer en disant que la diligence ne versait pas souvent. À ma grande surprise, j’arrivai sans accident à Watertown, où je résolus de passer la nuit.

Madison, 5 octobre.

Je reprends ma lettre dans la capitale du Visconsin, jolie petite ville (presque entièrement composée de villas et de jardins), dans une position charmante, entre quatre lacs, dont les rives sont couronnées de forêts à feuilles rondes. Je suis ici dans un bon et joli foyer sur le bord du lac, avec tout le comfort de la vie, entourée d’individus bons, civilisés, et d’amis. À Watertown j’ai découvert que les directeurs des postes du Visconsin avaient décidé que je voyagerais gratuitement dans cet État, et le maître de l’auberge, où tout était agréable et bon, ne voulut recevoir aucune rétribution pour mon séjour chez lui ; il me remercia au contraire d’être venue dans sa maison. Voilà ce qu’on peut appeler de la courtoisie.