Aller au contenu

Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
237
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Mais il faut qu’elle marche davantage en avant pour arriver aux sources de la vie, où États et peuples peuvent puiser une jeunesse renouvelée. L’État de Visconsin n’a que deux ans, c’est un « nourrisson » de l’Ouest qui donne les plus belles espérances. Il a été territoire pendant dix-sept ans ; la dernière grande lutte contre les Indiens du pays et leur vaillant chef l’Épervier noir a eu lieu il y a trois ou quatre ans. Ce peuple et son chef, ayant été faits prisonniers dans les prairies, furent conduits à New-York comme un trophée. Maintenant, il n’y a plus d’Indiens dans le Visconsin, et sa population blanche s’accroît rapidement. Cet État n’a pas de montagnes, mais partout des terres arables, en grande partie coupées de rivières et de lacs, et très-favorables à l’agriculture et à l’élève des troupeaux. Dans plusieurs contrées, et particulièrement autour de Madison, la terre a été donnée par le gouvernement fédéral pour servir de revenu à l’Université du Visconsin, et elle se vend déjà fort cher. Des spéculateurs en achètent au prix du gouvernement (un dollar et quart l’arpent), et les revendent à raison de dix ou douze dollars l’arpent. « Qui en donnera ce prix là ? demandai-je à Lathrop. — Vos compatriotes, répondit-il gaiement, vos compatriotes, ils viendront ici, et leurs fils recevront gratuitement l’instruction dans notre Université. »

J’ai visité l’autre jour, avec Lathrop et sa spirituelle femme, les bâtiments de l’Université ; ils seront bientôt terminés, sur une hauteur qui porte son nom et dont la vue est fort belle. C’est un grand édifice sans luxe inutile à l’extérieur, comme le collége Girard à Philadelphie ; mais il contient beaucoup de chambres et d’espace intérieurement ; la quantité des fenêtres m’a frappé, le soleil couchant les éclairait. Si cet établissement répond à son but,