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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/246

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LA VIE DE FAMILLE

ce sera en esprit et en vérité le temple du soleil dans les prairies de l’Ouest.

Il y a peu d’années que les Indiens habitaient encore autour de ces jolis lacs ; tous les ans ils viennent ici en automne pour revoir leurs tombeaux et gémir.

Blue-Mount, le 8 octobre.

Je t’écris d’une petite maison en bois, située au milieu des prairies, entre Madison et Galena. Elle fait partie d’une ferme ; c’est en même temps le bureau de poste et une sorte d’auberge de campagne. M. Dean, le gendre de ma bonne hôtesse de Madison, a eu la politesse de m’amener lui-même ici dans une petite voiture découverte, afin que mon voyage se fit plus agréablement que par le coche, qui fait cette route la nuit.

« Blue-Mount » est l’une des collines les plus élevées du Visconsin, et tire son nom de sa jolie couleur bleu foncé quand on la voit de loin. Elle en est enveloppée comme d’un voile transparent ; on l’aperçoit à une distance de plusieurs milles, resplendissant sur le ciel bleu clair.

Arrivée ici, je fus tellement enchantée de la vaste et magnifique vue qu’on y a sur la prairie, que j’ai pris la résolution d’y passer une couple de jour, afin de faire société en paix et solitairement avec ces prairies et leurs hélianthes. Il n’y avait dans la maison qu’une seule petite chambre à donner, encore était-ce en avant d’un grand grenier, où une demi-douzaine de journaliers avaient leur gîte de nuit. On m’assura que ces hommes étaient fort paisibles et braves gens, et on me donna un éclat de bois pour barricader intérieurement ma porte, qui n’avait point de serrure. La chambre