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LA VIE DE FAMILLE

Hier, j’ai fait une visite à la tombe de Franklin, et tressé une guirlande de trèfle et autres fleurs des champs que j’y ai déposée. Franklin appartient au groupe de ces hommes heureux qu’on peut appeler les héros de la vie pacifique et les bienfaiteurs de l’espèce humaine. Il était le troisième membre du grand triumvirat (Fox, Penn, Franklin) qui a fondé dans le Nouveau-Monde la puissance du principe de la paix, et le premier à marcher de l’avant dans la presse pour la liberté du peuple et l’indépendance de l’Amérique.

Franklin, avec son extérieur tranquille, ses mœurs simples, son regard franc, scrutateur, toujours dirigé vers les lois les plus simples et les plus universelles en toutes choses et en faveur de tous les êtres, « qui jouait avec la foudre comme un frère, faisait descendre, sans bruit ni fracas, l’éclair du nuage ; » Franklin, avec sa philosophie pratique de la vie (plus superficielle, il faut en convenir, que profonde), avec son grand amour du travail, son caractère aimable, est, il me semble, le plus magnifique représentant du caractère réel des néo-Anglais dans leur rapprochement avec celui des Quakers.

Je crois devoir te parler un peu plus en détail de cette secte, qui a créé, non-seulement la Pensylvanie, Philadelphie, et donné à l’État, à la ville, leur caractère particulier, mais encore qui a exercé une influence transcendante sur la vie spirituelle du peuple de la vieille et de la nouvelle Angleterre. Pour nous, les Quakers sont une famille bizarre qui tutoie tout le monde, porte de grands chapeaux à larges bords et se distingue par ses petites singularités extérieures. J’ai appris ici à comprendre leur signification intérieure relativement à — toute l’humanité.

Georges Fox est né en Angleterre, il y a environ deux siècles : « son père, appelé Christophe le Probe, était tisserand