Aller au contenu

Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
LA VIE DE FAMILLE

baies et des plantes sauvages qu’on cherche dans les buissons. Qu’ils ont l’air sauvage et animal ! Qu’il est singulier de voir des hommes si différents de ceux qu’on voit tous les jours, si différents de nous-mêmes !

Les Indiens que nous voyons ici font partie de la nation des Sioux (ou Dakotah), l’une des plus puissantes tribus du pays ; ils habitent autour des sources du Mississipi, dans le Minnesota, ainsi que les Indiens Chippewas. Chacune de ces tribus se compose, dit-on, de vingt-cinq mille âmes. Les deux peuples vivent dans une guerre continuelle, et récemment encore, après plusieurs surprises sanglantes, un grand congrès de paix a eu lieu près du fort Snelling, où les autorités américaines ont forcé ces tribus, avides de vengeance, à se tendre la main, quoiqu’à contre-cœur, en signe de réconciliation.

M. Sibley, qui a vécu pendant plusieurs années parmi les Sioux, et pris part à leurs grandes chasses, m’a raconté plusieurs traits particuliers de la vie journalière et du caractère de ce peuple. On y rencontre une certaine noblesse, mais basée sur un immense orgueil, et l’amour de la vengeance y est sauvage, cruel avec bassesse. Cependant M. Sibley aime les Indiens et paraît être leur grand favori. Quand nous passons devant leurs villages, il lui arrive parfois de pousser une sorte de cri sauvage, auquel on répond de la rive avec jubilation.

Nous voyons quelquefois une petite maison en bois, et à côté deux ou trois Tepées ordinaires. C’est un Indien demi-sang, c’est-à-dire dont le père était un blanc et la mère une Indienne, qui habite la maison en bois ; ses parents maternels, ou ceux de sa femme, sont venus demeurer près de lui. D’ordinaire il est marchand et en relation avec les Européens.