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LA VIE DE FAMILLE

dresser son Tepée sur le bord du Mississipi, un peu au-dessus de la chute de Saint-Anthony. Il n’avait qu’une femme, — (ce n’est pas l’usage pour ces messieurs, qui s’en donnent jusqu’à vingt) ; elle se nommait Ampato Sapa. Ils vécurent heureux ensemble pendant plusieurs années, eurent deux enfants qui jouaient autour de leur feu et faisaient leur joie.

Le mari était heureux chasseur, et quelques familles s’établirent insensiblement autour de lui, dressèrent leur Tepée près du sien. Comme elles désiraient entrer en relations plus intimes avec le chasseur heureux, elles lui représentèrent que s’il prenait plusieurs femmes, sa considération en serait augmentée et qu’il ne tarderait pas à être nommé chef.

Le conseil plut au mari ; il prit secrètement une nouvelle femme. Afin de pouvoir l’introduire dans son Tepée sans déplaire à la première, à la mère de ses enfants, il dit à celle-ci :

« Tu sais que je ne pourrai jamais aimer une autre femme aussi tendrement que toi ; mais c’est une fatigue trop rude pour toi d’avoir à t’occuper seule de moi et de nos enfants. J’ai donc résolu de prendre une femme de plus pour t’aider ; tu n’en seras pas moins toujours la première dans le Tepée. »

Ampato fut profondément affligée en entendant ces paroles ; elle pria son mari de songer à leur précédent amour, à leur félicité pendant plusieurs années, à leurs enfants… le supplia de ne pas introduire une autre femme dans leur tente.

Mais, le soir suivant, le mari amena sa nouvelle femme chez lui.

Le lendemain, au point du jour, on entendit un chant