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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

de rochers, des précipices. Je regardais tout cela comme impossible jusqu’à ce que mes compagnons, hommes et femmes, m’eurent prouvé que cette route était pour eux une chose des plus simples et usuelle. Hu !… la journée étant froide et grise, la course m’a plus fatiguée qu’amusée.

J’en ai fait d’autres dans les environs, soit seule, soit avec M. Ramsay, et même avec un jeune prêtre fort aimable d’ici. Dans mes excursions, j’ai visité plusieurs fermes, presque toutes habitées par des Français du Canada, qui sont venus s’établir dans ce pays. Ils font tous l’éloge du sol, de sa fertilité, paraissent se bien trouver, ont beaucoup d’enfants, mais — quant à la propreté, au comfort qui distinguent les foyers américains, j’ai plutôt rencontré l’opposé.

On voit partout, sur les hauteurs et dans les champs, onduler de hautes herbes jaunes d’automne. On manque de bras pour les faucher. Le sol est une terre noire, grasse, excellente pour la culture, mais peu agréable pour les piétons en bas et jupons blancs ; une poussière noire et fine salit tout. De petits lacs délicieux sont répandus entre les montagnes ; on dirait des miroirs limpides, calmes, d’une gentillesse romantique. C’est complétement une nature d’idylle ; cependant les bergers et les bergères y manquent encore. Il n’y a que la rive orientale du Mississipi dans le Minnesota qui appartienne aux blancs, dont le nombre n’est encore que de sept mille âmes environ. Toute la partie occidentale du Minnesota, à l’ouest du Mississipi, est encore territoire indien, habité surtout par les deux grandes nations des Sioux (ou Dakotah) et des Chippewas, qui vivent dans une lutte continuelle, et par quelques tribus indiennes moins considérables. On dit que le gouvernement songe à faire l’acquisition d’une partie